Une ombre se penche, lumineuse et aimante Sur un corps fatigué que la vieillesse voûte, D'une lèvre tremblante Et pathétique, ce vieillard doute.
La frayeur saisit au bord du gouffre Le crime comme la vertu, L'âme se tord et souffre Lorsqu'elle se mise à nu.
Et la tombe scrute cette profondeur L'homme, Et sans erreur Du bien et du mal fait la somme.
Que peut-on caché à cet oeil inouï ? Sous sa paupière il y a des étoiles, Il y a l'aurore, il y a l'infini, La chair est un voile.
Bien mince pour cette pupille énorme Voyant tout, même ce que l'on se cache, Des courbures de l'âme la plus difforme Aux ailes d'une mouche que l'on arrache.
Ce vieillard a peur et s'interroge Sentant la vie le fuir, n'être plus qu'une lueur, Il entend souffler la force Où se forge sa dernière heure.
Alors les larmes de joie et toutes les malédictions, Les cris de haine et toutes les prières en sa mémoire Résonnent. Chaque visage retrouve son nom, Chaque nom retrouve son histoire.
Et devant cette cascade de souvenirs, L'âme à genoux se désaltère, Il ne reste plus qu'à mourir, Rendre le corps à la terre.
Puis s'apprêter devant l'ultime instant, À affronter cette pupille au fond de laquelle on voit Briller le regard d'un enfant Qui est l'enfant que l'ont était autrefois.
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