Protégés par le bois qui touche à la frontière,
Accroupis au fond du ravin,
Portant pistolets et rapière,
Devisaient deux amis, disciples de Mandrin.
J’apporte, dit Griffard, une rude nouvelle ;
Pour la première fois je me sens hésiter ;
J’ignore qui des cieux tourne la manivelle ;
Mais Dieu, ce Dieu maudit, pourrait bien exister.
L’âme semble grandir lorsque le corps repose ;
Magnétisme est le nom que l’on donne à la chose.
Oh ! je ne prétends pas m’imposer à ta foi.
Doute encor, mais écoute-moi.
Hier, devant témoins, dans la ferme voisine,
Sans mystère, sans appareil,
Lucas, ce vieux berger, et sorcier j’imagine,
A la jeune Louise imposa le sommeil.
Son regard séduit, brûle et glace.
Sur les bras de l’enfant sa main passe et repasse,
S’agite sur son front, plane sur ses cheveux.

« Dors, lui dit-il enfin, Louise, je le veux.
Chasse l’ombre !… Marche sans crainte.
De l’or fut dérobé ; cherche… trouve cet or… »
− Louise répondit : « Je ne vois pas encor…
J’ai peur… le chat-huant fait entendre sa plainte…
Mais, voici le sentier qui rampe vers le bois…
Attendez… le voleur ?… le voleur !… Je le vois.
Il longe du fourré la pente tortueuse…
Une bêche à la main… sous le grand chêne il creuse…
C’est là qu’il enfouit le fruit de son forfait…
Je le vois… sa main est sanglante…
C’est Tortillard, c’est lui ! … J’ai frémi d’épouvante.
Est-ce tout ? J’en suis stupéfait.
A la place indiquée on a trouvé la somme.
J’ai vu cet or ; j’ai vu Tortillard abattu.
On a trouvé sa bêche et son couteau pointu.
Il a tout avoué !… Grippe-tout, qu’en dis-tu ?
− Ce que j’en dis, Griffard… Je me fais honnête homme.
Vous l’avez dédaignée, illustres du fauteuil,
Cette antique et grande science ;

Vous… savants !… Jamais l’ignorance
Ne fit preuve de tant d’orgueil.
L’Esprit frappeur

Photo de Rodrigo Souza sur Pexels.com

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