Ce qui se fonde sur la violence, s’en va par la violence. Triste manie de chercher à ressaisir toujours ce qui vous a été ravi.

Cependant, nul ne veut sérieusement la guerre
Qui, derrière elle, entraîne les plus noires misères,
Les maux les plus cruels, les plus grandes horreurs,
Ruinant également et vaincus et vainqueurs.
Et, d’ailleurs, cette guerre à quoi servirait-elle ?
Votre situation s’améliorerait-elle ?
Non pas ! détrompez-vous ! Car, même en admettant
Que le calme apparût un tout petit instant,
Il serait le prélude de nouvelles tempêtes,
Plus effroyables encore, faisant tomber vos têtes
Comme le fit jamais le plus mauvais génie.
Et, qui pourrait prévoir quand ce serait fini ?
Ce serait une lutte de brigands furieux,
Comme on n’en vit jamais pareille sous les Cieux,
Où tout s’achèverait dans les fumées du sang,
Et tout s’abîmerait dans le profond néant.
Non, non, mes chers amis, gardez-vous d’aller là !
Que ce mauvais côté ne vous attire pas !
Là n’est point le salut ! Vous ne pourrez fonder
Rien de bon, de durable, sans le redemander
A ces préceptes sains, moraux de l’Evangile,
Qui satisfont à tout et rendent tout facile.
Tant que vous chercherez à régler par la force
Le problème social, vous n’aurez que l’écorce
Et ne tiendrez le fruit. Ce qui fut établi,
Fondé par la violence, fût toujours démoli
Par la même violence.
Ne le voyez-vous pas,
En tous lieux et toujours ? Est-ce que vos embarras
Ne sont pas le produit de la même violence ?
Seriez-vous donc pétris d’une telle ignorance
Que cette vérité, pourtant si manifeste,
Ne vous ait point frappés ?
Il n’est pas une peste
Qui soit plus désastreuse, plus funeste pour vous,
Que la triste manie que vous possédez tous
De chercher constamment, au péril de vos vies,
A ressaisir encore ce qu’on vous a ravi !
Car, de cette façon, la paix est difficile.
Toujours il en est un qui ne vit pas tranquille
Si le faible aujourd’hui, devenant fort demain,
Repasse à l’adversaire ses haines, ses chagrins !