Telle est la destinée de notre âme immortelle :
Sortie des éléments à l’état de parcelle
Ignorante, active, elle va lentement
D’une étape vers l’autre, mais toujours sûrement,
S’instruisant, s’élevant sur l’échelle des êtres,
Transformant ses organes, puis enfin apparaître,
Sous la forme de l’homme, consciente et responsable,
Maîtresse d’elle-même, estimant son semblable.
Le moment est pour elle, alors, bien solennel,
Car, elle vient d’entrer sur la route du Ciel,
Chemin indéfini, difficile, agité,
Au bout duquel l’attend la vraie félicité,
Partout semé d’épines, qu’elle ne peut gravir
Sans tomber bien souvent et bien longtemps souffrir.
La justice est rigide ; les lois inexorables.
Et, ce n’est point le Père qui punit les coupables !
C’est la propre conscience que chacun porte en soi,
Qui, scrutant nos actes, tourmente notre  » Moi « .
Nul n’échappe à ses coups et, quand on a mal fait,
Tôt ou tard, sûrement, on en ressent l’effet.
La mort est impuissante à soustraire au remords
Parce que la conscience n’est point dans notre corps,
Et que son action est bien moins efficace
Sur les êtres incarnés que sur ceux de l’espace.
C’est la loi du talion. Notre propre conscience,
Comme un dur aiguillon, nous harcelle et nous tance
Jusqu’au jour où nous-mêmes demandons à subir
Ce qu’à notre prochain nous avons fait souffrir.
À ce moment béni du repentir sincère
A lieu l’avènement du sublime mystère :
La réincarnation. L’âme entre dans le trouble
Elle est précipitée dedans le nouveau moule
Qui doit l’acheminer à la réparation
Des maux qu’elle a causés,
Maux dont l’expiation
Se fait presque toujours au contact des victimes,
Terrible et supportée d’une façon sublime :
Car, bien qu’elle ait perdu souvenir du passé,
Pour que rien, dans l’épreuve, ne puisse l’embarrasser,
L’âme conserve, en elle, un vague sentiment
Du mal qu’elle a commis et court au châtiment.
Au sortir de ce corps qui l’a tant fait souffrir,
Autant pendant la vie qu’au moment de mourir,
Elle est d’abord troublée pendant un certain temps,
Dont la durée dépend de son avancement ;
Puis, quand elle a perdu souvenir de ses haines,
Elle voit déroulée, devant elle, la chaîne
De ses vies antérieures : elle peut comparer
Le bien qu’elle doit faire et le mal réparé.
Le chemin parcouru se met en parallèle
Avec celui qui reste. Une énergie nouvelle,
Inconnue jusqu’alors, s’empare de cet être
Qui tient à son bonheur et qui veut se repaître
De ces félicités, encore tant éloignées,
Qu’il n’atteindra jamais s’il ne les a gagnées.
Et, comme il ne saurait progresser sans douleur,
Il supplie l’Eternel de rapprocher cette heure
Qui lui procurera de nouvelles souffrances
Pour pouvoir acquérir une plus grande science.
Ainsi, vient le progrès. — Dans chaque incarnation
Nous allons en laissant quelque imperfection,
En nous améliorant. — Toujours après la mort
L’âme revient meilleure qu’à la prise du corps,
Parce que les douleurs, les chagrins, les tourments
Passés sur cette terre, font son avancement.
Et, nous allons ainsi, dans le temps et l’espace,
En nous réincarnant chez différentes races,
Au milieu des enfants de ces mondes divers,
Dont le nombre est sans fin dans le vaste univers.
On n’est pas où l’on veut ; mais on est où l’on doit,
Suivant les progrès faits, les besoins de son  » Moi « .
Nul privilégié : la plus grande justice
Est partout admirable, sans besoin de police.
Partout la même loi domine en souveraine.
Chacun se fait ses joies, comme il se fait ses peines,
Conforme à ses mérites. Le progrès est conquis
Par l’éternel duel du corps et de l’esprit.
Respectons, donc, ce corps qui nous paraît si peu,
Aimons-le tendrement et remercions Dieu
De nous l’avoir donné ; car, sans cette matière,
Constamment transformée et réduite en poussière,
Véritable creuset où se forme l’esprit,
Le secret de la mort ne serait point surpris,
Et, ne pouvant, du Père, admirer la sagesse
Jamais nous ne saurions apprécier ses tendresses.

Photo de Anni Roenkae sur Pexels.com

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