Mot que sans y songer on prononce sans cesse
Dans le doute, la peur, la joie ou la détresse ;
Qu’on dit avec dédain, avec haine, avec foi ;
Oui soulève le rire ou fait trembler d’effroi !…
Dieu ! par tous invoqué : mot rempli de mystère !
Juge, maître jaloux, implacable… ou bon père.
Dieu d’amour, Dieu de paix, Dieu dont s’arme le bras
Pour guider sans pitié tes enfants aux combats ;
Qui dans l’éternité pratiques la vengeance
Et nous fais un devoir de pardonner l’offense,
Sans songer que depuis six mille ans, notre sort,
Est d’expier d’Adam l’irréparable tort !
Dieu juste, qui proscris l’enfant mort sans baptême
Et reçois le pécheur lavé par le Saint-Chrême ;
Par ta grâce efficace, absous qui tu choisis
Ou, nous la refusant, à jamais nous maudis ;
Verses, comme au hasard, santé, bonheur, richesses,
Et sembles ignorer d’où viennent ces largesses…..
Toi dont on parle tant, DIEU ! Qu’es-tu ? Notre esprit,
Dans son étroit orbite, hélas ! Te circonscrit,
Te prête ses défauts, te moule à son image,
Prétend avoir des droits, à ton saint héritage,
Et, te voyant trop haut, pour monter jusqu’à toi,
A son niveau t’abaisse et réforme ta loi !
Oh ! non, Dieu ! tu n’es pas… non, tu ne peux pas être
Ce que l’homme orgueilleux t’ose faire paraître.
Recueille-toi mon âme et cherche à pressentir
Celui qu’en sa grandeur, rien ne peut contenir.
Principe universel, source vive infinie
Où tout, dans l’Univers, puise l’être et la vie,
Sans jamais l’affaiblir, sans jamais y rentrer ;
Que nul ne peut savoir, nul ne peut démontrer ;
Fluide vivifiant, pensée, esprit, lumière,
Créateur incréé ; toute cause première
Je suis trop loin de toi pour te bien définir,
Mais je te sens assez pour croire et te bénir !


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