Rêve infini, mon âme aspire
Vers l’inconnu qui l’appelle… et la fuit.
Ce mot profond que je veux lire,
Jour radieux, peux-tu l’écrire,
Peux-tu l’écrire, ô sombre nuit ?
Dans le silence, ou dans le bruit.
Terre et cieux, pouvez-vous nous dire
Le but sans nom que l’on poursuit ?
Où vas, d’où vient chaque âme éclose ?
Source de vie, où donc as-tu puisé ?
Dernière fin, première cause,
Aux deux termes de toute chose,
L’abîme insondable est creusé.
Sphinx éternel, qui t’a posé
Devant la porte toujours close
Où notre esprit tombe, épuisé ?
Matière, esprit, qui faites l’être,
Rivaux conjoints dont les duels sont fameux,
Lequel est notre grand ancêtre,
Lequel est l’esclave ou le maître,
N’êtes-vous qu’un, êtes-vous deux ?
Dans vos replis mystérieux,
Lequel, du savant ou du prêtre,
Source et destin, vous voit le mieux ?
Enfermant tout dans un vieux livre
Que la lumière et le temps ont rongé,
L’un prescrit de croire et de vivre
Selon les règles qu’on doit suivre,
De par le Dieu qu’il a forgé.
En vain chaque âge a déjugé
Le Dieu que l’âge ancien lui livre,
Le prêtre seul n’a pas changé.
L’autre, plus libre en apparence,
Cherchant le vrai dans le chemin ouvert,
Par orgueil ou par défaillance,
Pose une borne à la science
Au point où son regard se perd.
Ne cherchez plus dans le désert
Le dernier mot de l’existence ;
Son alambic l’a découvert.
Dieu pur esprit et Dieu matière,
Vos deux clergés ne sont pas différents.
Il faut verser dans leur ornière,
Et ne pas franchir la barrière
De leurs dogmes intolérants.
O fanatiques de tous rangs,
Vous n’apportez pas la lumière ;
L’erreur seule fait les tyrans.
Rien n’est trouvé ; cherchons encore !
Cherchons en nous le creuset naturel
Où la vérité s’élabore.
Le cœur simple et droit qui t’adore
Dans le spectacle universel,
O problème de l’Éternel,
Est plus près de ce qu’on ignore
Que la cornue et le missel.


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